Sortir les danses et les musiques traditionnelles marocaines, algériennes et tunisiennes du registre folklorique où elles sont trop souvent cantonnées pour les faire dialoguer avec le contemporain. Voici le projet de Filipe Lourenço et de Nuri.

Pulse(s) in Situ se présente comme une véritable entreprise de réinvention de la tradition chorégraphique et musicale des danses et rythmes algérois, touareg ou alaoui et autres.

Filipe Lourenço purge ces mouvements de leurs ornements orientalistes pour ne garder que l’essentiel : la pulsation, musicale et corporelle, qui est à la base de leur puissance rituelle.

Nuri, dont l’héritage africain de la Tunisie permet aussi un pont entre les cultures où les voix et les percussions sont sublimées par sa production électronique, jette dans un brasier ardent des samples traditionnels (balafon, chants…) et un inlassable groove polyrythmique. Ce travail de mémoire ne prend pas la forme d’un archivage classique, qui compilerait un répertoire de gestes reproduits à l’identique. Il s’agit au contraire de les déconstruire pour éprouver la façon dont ils peuvent nourrir le contemporain et, en retour, expérimenter les moyens d’un renouvellement, d’une adaptation de ses formes aux enjeux du monde actuel. En effet, si leurs fonctions premières (intégration sociale, célébration guerrière, appel au divin, rite agricole, jeu poético-érotique…) ne sont plus aussi centrales qu’auparavant, il n’en reste pas moins que ces danses répondent à des enjeux chorégraphiques et culturels qui n’ont, eux, rien perdu de leur pertinence.

Compagnie Filipe Lourenço